caractère (sale et propre)

Protégé : Un monde pris au mot

Posted in bric à brac philosophique, LOGOS (dire, penser, agir) by claude pérès on 14 février 2009

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Protégé : le mot, la mort, le rire

Posted in bric à brac philosophique, LOGOS (dire, penser, agir) by claude pérès on 20 janvier 2009

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Protégé : puissance et délire autocrinien : percevoir, penser, agir – partie III

Posted in bric à brac philosophique, LOGOS (dire, penser, agir) by claude pérès on 4 décembre 2008

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Les rapports différentiels/l’aliénation

Posted in bric à brac philosophique, la mort de la mort de la philosophie by claude pérès on 21 novembre 2007

A quel point l’être humain au XXe siècle – j’ai encore quelques trucs à articuler avant de tracer des lignes de fuite – à quel point il est enchaîné, c’est dingue. C’est le terme qui revient, « chaîne » : « la chaîne parlée » saussurienne, « la chaîne signifiante » lacanienne. Vous avez un être humain sans origine, on l’a vu, qui parle une langue qui ne fait que passer par lui, qui vit une vie de passage, qui est dépassé, débordé de toutes parts. Ce n’est plus un point de vue leibnizien impliquant la totalité infinie du monde, c’est un point de vue impliqué dans une totalité indéfinie. Et c’est tout un jeu de rapports différentiels et combinatoires qui se met en place pour concevoir quelque chose qui est quand même une aliénation fondamentale d’un être humain impuissant, ballotté indéfiniment sans jamais avoir aucune prise sur rien, déjà même plus sur lui-même. Regarder le structuralisme, c’est une conception révolutionnaire, qui rend possible de concevoir en termes de mouvements, de rapports, de fonctions, c’est fondamental, mais il a quand même aussi fabriqué la dépression du XXe siècle, quand les idéaux fabriquaient l’hystérie du XIXe.

Alors, d’abord, les rapports différentiels. Il faut aller les chercher là où leur conception émerge, là où se dessine le structuralisme, dans les cours éblouissants, incroyablement clairs et rigoureux de Saussure. Saussure, il prend une lettre comme exemple, il prend le t. Il écrit 3 petits t manuellement – les structuralistes adorent les schémas – le premier assez classique, le 2e qui ressemble à un A et le 3e à une croix. t-saussure.jpgIl montre donc plusieurs variantes du t, suggère qu’on peut l’écrire n’importe comment, la seule condition, c’est qu’il ne ressemble pas aux autres lettres de l’alphabet. Vous pouvez écrire les lettres comme vous voulez, du moment qu’on ne les confond pas. Si vous vous rappelez les moments où vous avez mis au point votre graphie, c’est une question qui s’est posée d’elle-même. Vous avez une notion d’arbitraire, il répète le mot, qui s’impose. Le choix des signes est arbitraire, ils ne correspondent pas aux sons, ils s’écrivent n’importe comment donc, leur valeur – là on entre en plein dans le structuralisme – leur seule valeur, c’est par un rapport d’opposition et de différence qu’ils la prennent. Vous avez, au niveau diachronique, toute une historicité, sans origine, on l’a vue, et au niveau synchronique, l’arbitraire des signes qui ne fonctionnent qu’à se différencier les uns par rapport aux autres dans la chaîne. Alors, c’est énorme comme mécanisme de pensée, ça a désespéré l’humanité, franchement, ça l’a complètement abattue, mais la conception en termes de rapports différentiels et de combinatoires, elle est exquise. Et je reviens dessus, non pas pour expliquer le structuralisme, je ne suis pas historien, je m’en fous, tout le monde sait ce que c’est, mais parce qu’il faut en faire quelque chose, car c’est un truc qui est resté quand même sacrément impraticable jusqu’à ce qu’on en arrive aux conceptions, par exemple, de recodage et d’axiomatiques capitalistes de Deleuze et Guattari.

Bon, le structuralisme, ça donne un être humain renvoyé indéfiniment au niveau diachronique à une origine effondrée et au niveau synchronique à un terme effondré. Il faut voir que c’est un système qui ne repose sur rien, qui ne correspond à rien, qui est parfaitement inconsistant, qui ne tient qu’à renvoyer indéfiniment à quelque chose qui… manque. Là, vous avez l’articulation du désir. Le désir articulé comme manque du Banquet de Platon. Il faut ressentir la vanité de la course inlassable d’un être humain après quelque chose qui lui échappe. C’est physique. C’est le désespoir même. C’est l’impuissance fondamentale : ne plus avoir aucune prise, rien dans les mains, plus aucune vérité, aucune origine, aucun terme, l’essoufflement, l’épuisement d’un corps perdu, éperdu, dépassé, aliéné, complètement fou. Les gens vivent comme ça, maintenant, partout, les gens ne vivent qu’avec ce désir qui tend, se tend vers quelque chose qui renvoie à autre chose qui renvoie à autre chose et encore, indéfiniment. Atteindre un terme, bloquer les renvois, court-circuiter les rapports, c’est faire effondrer le système, c’est se confronter à la nullité totale, à l’invalidité des termes, au leurre absolu.

Enfin bref, on n’en est pas là, pas encore. A ce moment-là, au XXe siècle, ça se pose en termes de différences et d’identités. On a un jeu de rapports dont les termes se tiennent les uns les autres donc et qui ne reposent sur rien, qui sont arbitraires et qui ne prennent même pas leur valeur de leur origine, puisqu’on ne peut pas y remonter. Vous avez l’être humain qui se laisse concevoir dans ce jeu. Par exemple un psychologue comme Pierre Janet, il va passer des heures dans ses cours à décrire tout ce processus de différences et d’identités. L’idée, c’est que pour que l’être humain se distingue, s’individualise, existe en tant que, appelez ça comme vous voulez, individu, sujet, ou je ne sais quoi, il faut qu’il se différencie et s’identifie. Le complexe oedipien de Freud, il marche comme ça aussi. Enfin bon, peu importe. Ce qu’on voit, c’est que l’être humain, il va fonctionner comme la lettre t de Saussure, il n’a aucune valeur en soi, il prend sa valeur de ce rapport que j’ai eu besoin d’appeler situationnel, parce que c’est ce qui me paraissait le plus à même de le concevoir. L’être humain va situer en se situant et se situer en situant. Il va construire son identité en se différenciant, sa différence en s’identifiant, mais ça va au-delà, il entre dans un mode d’existence où tout est situation. Si vous avez suivi, vous voyez les conditions pour que ça marche : il est condamné à n’être rien, à être absent pour tirer sa valeur de son rapport situationnel. De là à dire que tout ce qu’il fabrique est bidon, oui, je le dis sans hésiter, ce qu’on appelle faire sens, donner et prendre sens, c’est bidon, les émotions, les pensées, tout ça c’est une fabrication qui n’a pour fonction que de situer et d’être situé. Il faut voir comment Lacan conçoit l’être humain, à quoi ça amène le structuralisme, l’effondrement de l’origine et du terme – j’utilise la polysémie du terme « terme » donc –, eh bien le sujet lacanien, c’est celui qui ne sait pas ce qu’il dit, évidemment. Tiens, pour faire une blague, on peut dire que l’être humain est vidé de sa substance. Il faut voir vraiment à quel point il est hagard ce « sujet », à quel point il est dans une économie d’interdépendance, de dépendance, de lien, d’aliénation. Il faut voir qu’il est tout le temps au bord de l’effondrement, qu’il ne tient qu’à ne pas être pour se situer en tant que, je reprends la formule lacanienne, « présence d’une absence » renvoyée indéfiniment de termes en termes. Le « stade du miroir », c’est la description rigoureuse de cette étape où le « sujet » est ravi à lui-même, « barré », condamné à lutter pour ne pas disparaître à se fonder dans un renvoi indéfini d’objet petit a en objet petit a. Je ne rentre pas dans le détail, l’idée c’est comment Lacan articule l’être humain comme une lettre saussurienne, un être humain qui désire ce dont il manque et qui manque ce qu’il désire parce qu’il le désire, afin de situer ce qui n’est pas pour se situer là où il n’est pas dans ce qu’il n’est pas. Ca n’a rien à voir avec la négation hégélienne, contrairement à ce que tout le monde dit, contrairement à ce que Lacan revendique, parce que le sujet lacanien est déjà mort, puisqu’on parle de différence, là on en tient une énorme.

Il faut voir que si l’être humain arrête de désirer, s’il ne situe et ne se situe plus, tout s’effondre, puisque rien n’a de valeur en dehors de son désir qui se joue du rapport situationnel. Ca c’est très important, ça par exemple, c’est hégélien : il faut plus que jamais prendre le risque de disparaître, de s’effondrer. Car il se trouve, comme je ne me lasse pas de le répéter, que c’est quand tout s’effondre que l’être humain peut enfin jouir, avoir la jouissance. Mais on n’en est pas encore là.